lundi 12 mars 2012

La critique constructive revisitée.

 

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Parole d’un sage : «Avant de critiquer, posez-vous la question : avez-vous des solutions à proposer?»

C’est ce twit de @marieveparadis qui fut la bougie d’allumage à ma réflexion et l’idée d’en faire un billet me permettant d’en discuter avec vous.

Mon premier réflexe fut de me dire que le fameux sage devait assurément enseigner dans une école de gestion depuis quelques années, car, il me semble, que la très grande majorité des gestionnaires actuels ont intégré ce précepte. Qui d’entres-vous ne s’est jamais fait dire que primo, critiquer ce n’est pas positif et que, secundo, si par malheur l’envie de critiquer vous prenait il fallait, au minimum, accompagner la critique d’une solution au problème soulevé.

Le fameux « mode solution » ou encore son corollaire voulant qu’il ne faille pas faire partie du problème, mais bien de la solution.

Bien sûr, nous en conviendrons tous, personne n’aime travailler avec quelqu’un qui passe son temps à critiquer, à grogner, à chialer, sans jamais apporter ne serait-ce qu’une once de contribution à l’équipe ou à son organisation. De plus, les gestionnaires ayant tendance à demander aux membres de leur équipe d’êtres « en mode solution » on crée une pression à ne plus se plaindre et donc, on engendre une espèce d’omerta. Ou encore, on assiste à une surmultiplication des suggestions d’amélioration où le danger de perdre en qualité au profit de la quantité est bel et bien présent.

En fait, je crois que la solution se trouve bien en amont du problème posé, car ma réaction au twit de @marieveparadis fut de lui répondre : « ..et surtout, avez-vous toute l’information? »

Dans le sens de :… avant de critiquer, assurez-vous d’avoir toute l’information en main…

C’est tout à fait vrai qu’il est beaucoup plus constructif lorsque l’on détecte un problème, de chercher à trouver rapidement une solution et la proposer, mais encore faut-il s’assurer d’avoir en main, le bon diagnostic. En appliquant le « mode solution », il est impossible d’amener un problème sans la solution qui vient avec. On est donc contraint de trouver une solution par soi-même sans pouvoir en discuter au préalable, sans rechercher les causes profondes à la problématique et sans faire une analyse de la situation afin de couvrir tous les angles.

On a souvent la critique facile et cette critique est le fruit de nos émotions, de nos perceptions et de notre cadre de référence. Il vous est sûrement déjà arrivé de vous faire une idée sur une situation et de changer complètement de point de vue une fois toute l’information en main. Que ce soit parce que vous n’aviez pas accès à cette information ou encore parce que vous aviez basé ce jugement sur des informations non vérifiées. Ou encore, votre statut hiérarchique ou l’équipe à laquelle vous appartenez vous octroi un angle d’analyse précis qui prend un tout autre éclairage une fois que vous avez l’occasion d’échanger avec d’autres collègues au sein de votre organisation ou même à l’extérieur de celle-ci.

Donc, à mon sens, je crois que les paroles du vieux sage sont incomplètes et qu’une organisation doit favoriser la formulation de critiques sans que soit obligatoire la proposition immédiate d’une solution. Par contre, il importe que cette critique ne vise pas à attaquer personnellement un individu, qu’elle soit basée sur des faits observés et que l’organisation ainsi que l’employé soient disposés à en discuter afin de s’entendre sur l’existence d’une réelle problématique et sur les causes profondes à celle-ci.

La génération de solution ne viendra qu’au terme de ces différentes étapes. Ce faisant, ces solutions seront beaucoup plus prometteuses, car étroitement liées à un processus rigoureux de résolution de problème.

Selon moi, le fameux mode solution est simplement né d’une phobie des organisations à ce que le climat travail se détériore. La critique ayant une connotation négative et le négativisme étant perçu comme un problème grave pouvant détériorer le climat de travail on a jugé qu’il fallait tuer la critique à sa source. Ce faisant, on a, au passage, complètement écorché des processus de résolution de problèmes éprouvés.

Au lieu de parler du « mode solution », pourquoi ne pas plutôt essayer le mode « discussion constructive ». Une avenue plus porteuse qui demande de formuler ses critiques selon certaines règles, certes, et qui exige un haut niveau de maturité des membres de l’équipe en terme d’intelligence émotionnelle.

Mais ça, c’est une autre histoire…..

De votre coté, êtes-vous d’avis que les paroles du vieux sage se doivent d’être complétées?

Source de l'image: HikingArtist

 

4 commentaires:

Cybele Rioux a dit...

Ah, enfin de retour :) Bravo pour le sujet très très pertinent !

Sylvaine Pascual a dit...

Je plussoie Cybèle!
Ravie de retrouver cette réflexion fine et intelligente^^

D'autant que la critique constructive, c'est en gros ce que la plupart prétendent faire, alors qu'ils expriment essentiellement leurs propres idées reçues;) Alors bien vu cette approche concrète et pertinente.

Unknown a dit...

Merci mesdames pour vos commentaires et surtout, merci d'être encore là malgré mon inactivité ! :))

Sonia Sanfaçon a dit...

J'aime beaucoup ton analyse, je suis tout à fait d'accord avec toi. Cette phrase : "votre statut hiérarchique ou l’équipe à laquelle vous appartenez vous octroi un angle d’analyse précis qui prend un tout autre éclairage une fois que vous avez l’occasion d’échanger avec d’autres collègues au sein de votre organisation ou même à l’extérieur de celle-ci." dit tout, à mon avis. Il faut favoriser la communication entre les différents départements et les différentes fonctions pour bien comprendre les enjeux vécus par tous, au fond c'est la seule façon d'atteindre le but commun à tous: le succès de l'entreprise!